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COMMENT A ÉTÉ TOURNÉ LE PREMIER STAR WARS ?
Un bel album de plus de 200 pages, tel est Les Guerres de Lucas, qui nous fait revivre par le menu la préparation et la réalisation par George Lucas de son premier Star Wars. Un making off bourré de détails relevés par Renaud Roche, sobrement mais finement dessiné en grisés avec de rares aplats couleur (Laurent Hopman), qui donne l’impression que les deux auteurs ont collé aux basques de Lucas pour un document qui n’épargne rien d’un travail au long cours, le tournage proprement dit, démarrant le 22 mars 1976, n’arrivant qu’à la page 98 de l’album, soit à sa moitié, tout ce qui précède évoquant les multiples déboires d’un réalisateur débutant, trop jeune, mal dans sa peau, hésitant (quels acteurs choisir… et surtout pas Harrison Ford alors qu’il aurait préféré Christopher Walken !), peu à l’aise dans l’écriture et remaniant vingt fois son scénario avec l’aide indispensable de son épouse Marcia (« Mais enfin, Gorge, personne ne parle comme ça ! »), et peu aidé par le studio où seul Alan Ladd Jr. crut en lui et le défendit… On s’amuse des petits à-côté, comme la liaison cachée de Ford et Carrie Fisher durant tout le tournage, ou la haine féroce opposant Anthony Daniels (C3PO) et Kenny Baker (R2-D2), de même qu’on se passionne pour les modification successives du scénario – le héros étant au départ un vieux général nommé Skykiller. Un album indispensable pour tous les fans… et les autres (Deman).
RETROUVER MICHAEL G. CONEY
Un peu oublié aujourd’hui, l’anglais Michael Coney (1932 - 2005) s’est fait une spécialité, comme nombre de ses compatriotes (John Wyndham), des récits-catastrophes, ainsi de Syzygie, où les habitants de la planète Arcadia sont soumis à des marées gigantesques provoquées tous les 52 ans par la conjonction de six lunes, ou Rax, qui voit une guerre entre les deux peuples est interrompue par l'instauration d'une période glaciaire provoquée par l'occultation du soleil par un gigantesque satellite. Les Crocs et les griffes (The Jaws that Bite, the Claws that Catch) revient sur Terre pour nous projeter sur la côte Ouest des États-Unis, après qu'un cataclysme a ouvert la faille de San Andrea, bouleversant l'écologie comme la société, remettant l'esclavage en usage, mais aussi le don (ou le trafic) d'organes, tandis que des poissons peu aimables se sont réadaptés à la vie terrestre et qu'on élève des Slictes (reptiles “sympathiques et amicaux”) importés de colonies stellaires. Réédité aujourd’hui sous le titre de Péninsule avec l’adjonction de quatre nouvelles situées dans la continuité du roman, introduit par Pierre Pelot et complété par une interview de l’auteur, ce roman témoigne de la richesse inventive de Coney, mais aussi de l’approfondissement de personnages toujours très humain. Signalons que ce volume avait eu droit à une première édition en 2008, ici republié à l’identique, seule une couverture cartonnée remplaçant la couverture souple faisant la différence (Les Moutons électriques).
LE GRAND ŒUVRE DE NICK HARKAWAY
Fils de John le Carré, il s’est fait connaître sous pseudonyme en 2008 par un premier roman Gonzo Lubitsch ou l'Incroyable Odyssée , qui se déroule dans un monde futur détruit par la Guerre à Effacer, où la “Société libre pirate” de transport routier des déchets toxiques est mandée pour éteindre l’incendie qui ravage la Canalisation, ouvrage de la compagnie Jorgmund où transite la substance indispensable à la survie de l'humanité. Drôle et féroce. Plus caractéristique de son style, et considéré jusqu’à aujourd’hui comme une (son) œuvre majeure, Gnomon (2017), dont les 1100 et quelques pages ont été publiées en deux tomes chez nous, se déroule en Grande-Bretagne dans futur proche où, la monarchie abolie, s’est mis en place le “Système”, I A prônant censément la démocratie directe où la population est surveillée en permanence par le Témoin, somme de toutes les caméras de surveillance et du suivi numérique des objets connectés. Une dissidente, Diana Hunter arrêtée, meurt pendant son interrogatoire. Une inspectrice du Témoin, Mielikki Neith, a la surprise, alors qu’elle explore la mémoire de la victime par lecture mentale, d’y trouver trois personnalités différentes : celle d’un financier grec attaqué par un requin, celle d’une alchimiste et celle d’un vieux peintre éthiopien. Un puzzle qui va remettre en cause tout ce qu’on a cru jusque-là connaître de la société du Témoin. Car Diana est-elle bien morte ? Et qui est en réalité Mielikki ? Une somme très (trop ?) complexe, désormais accessible en poche (Livre de poche).
L’EMPIRE STELLAIRE SELON RICHARD CANAL
L’humanité a quitté une Terre en capilotade pour gagner les étoiles, s’y répartissant en huit Quadrants héritiers des anciennes puissances, régulés d’une main de fer par la chancelière Farida Dontzen. Mais ne craint-elle pas d’être assassinée par les envoyés des Templiers du Renouveau Pancharismatique, dissous mais renaissant, et prônant l’extension de l’espèce humaine, alors que la chancelière préférerait «une période stagnation qui aiderait l’humanité à retrouver ses fondamentaux» ? D’autant tout va de travers dans les Quadrants, comme sur Niverniss, planète glacée où les villes-vertiges vivantes de steel-glass s’écroulent les unes après les autres et d’où cherche à s’échapper le jeune Inti, quand Kuniaki Toshigawa, maître du Quadrant le plus puissant, annonce sa mort prochaine alors que sa succession entre son fils Takanobu, pacifiste, et sa sœur plus belliqueuse s’annonce des plus incertaines. Pour mettre en place cet empire spatial instable où l’influence des Fondation d’Asimov est sensible, Richard Canal, dans Cristalhambra, a bâti court chapitre par courts chapitre, chacun consacré en alternance à ses trois personnages principaux, un récit aussi ample que (trop ?) complexe, un monde régi par les AI omniprésentes et où tout individu possède son avatar (ici une anima), ce qui trouble continuellement les rapports entre protagonistes pouvant à l’improviste se dissoudre dans une nuage de “nanos”. Bourré de références à l’ancien monde (les Templiers, la « chancelière” à l’image de qui vous savez), mais aussi à sa propre œuvre antérieure – les Villes-vertige du roman éponyme de 1988, la planète Animamea, apparue en 2003 dans le récit de ce titre et où l’esprit des morts revit dans les “pierrâmes”, et jusqu’à son roman précédant, Upside Down, où l’effondrement de notre planète pourrait conduire à la constitution des Quadrants. Nul besoin néanmoins de connaître son Canal par cœur pour entrer dans cet univers à la fois techno, poétique, mystique et toujours fascinant qui le caractérise, et que porte la prose enluminée de celui qui reste un de nos meilleurs auteurs nationaux (Mnémos).
LE JAPON AU MUSÉE JACQUES CHIRAC
Cette année, le rendez-vous estival du musée du quai Branly – Jacques Chirac se pare aux couleurs du Japon, avec une plongée au cœur des festivals d’été que sont les natsumatsuri ! Une programmation qui fait écho à l’accrochage dans le hall du musée de la spectaculaire tapisserie d’Aubusson montrant Ashitaka soulageant sa blessure démoniaque, tirée d’une scène du film d’animation Princesse Mononoké d’Hayao Miyazaki, et présentée pour la première fois à Paris. Jardin d’été propose cette année encore une programmation gratuite et ludique pour tous, avec notamment le premier festival de cinéma de plein air du musée dédié aux meilleurs films d’animations japonais signés par les maîtres Miyazaki et Takata. Le week-end d’ouverture des 8 et 9 juillet donne le coup d’envoi des festivités avec des activités à faire en famille ou individuellement. Quiz et jeux, ateliers, contes, visites, rencontres, initiations, concerts… Autant de propositions gratuites et ludiques à découvrir dans le jardin conçu par Gilles Clément. Ces festivités s’achèveront le dimanche 27 août lors du concert de clôture co-organisé avec l’Abbaye de Royaumont qui fera la part belle aux percussions du monde.
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POUR SE SOUVENIR DE DANIEL WALTHER
Un homme ravagé par l’alcool ayant décidé d’aller rendre visite à un ami en Allemagne, dans la ville imaginaire de Känstadt somnole, s’endort dans un train. Un autre voyageur le réveille, pour l’entretenir d’hypnose, de parapsychologie, de phénomènes surnaturels, d’«ingérence possible des puissances des ténèbres dans notre existence quotidienne, un lieu propice à tous les complots de la nuit, aux conjurations des entités maléfiques qui orchestraient l’effroyable symphonie du cauchemar». À l’étape, passant la nuit dans un hôtel, lugubre le narrateur se voit déporté de «l’autre côté», dans un monde où les succubes existent, dégageant une sensualité extrême. Les Voyageurs, signé Daniel Walther, texte sulfureux bien dans la manière de son auteur, était paru dans son recueil Les Quatre saisons de la nuit en 1980, et réédité dans La Grande anthologie du fantastique en 1997. Mais une occasion de se souvenir de Daniel Walther, disparu en 2018, un grand parmi les auteurs français de fantastique et sf n’est jamais inutile (Typhon, “Soleil noir”).
JEAN-PIERRE ANDREVON