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LE GRAND ŒUVRE DE MICHEL DEMUTH
Qui ne se souvient de Michel Demuth ? Né le 17 juillet 1939 à Lyon, il publie sa première nouvelle dans la revue Satellite en 1958, mitraillant pendant une dizaine d'année les revues de l’époque, dont Fiction, d’une bonne quarantaine de nouvelles. Appelé à Paris par Alain Dorémieux en 1966, il démarre une activité rédactionnelle frénétique (Galaxie-bis, le Club du Livre d'Anticipation entre autres), qui le contraindra à quasiment abandonner l'écriture, d’autant qu’il se consacre également à la traduction (Dune et ses suites, 2001, etc). Le grand œuvre de Demuth, dont Gérard Klein écrira « Demuth appartient à une catégorie d'auteurs très fortement influencés dès leur début par la science-fiction anglo-saxonne, mais beaucoup plus intéressé par les possibilités ouvertes à 'imagination que par l'extrapolation scientifique » restera néanmoins son Histoire du futur, les Galaxiales, hélas inachevées, qu'il aurait voulu à l'égale de celle Robert Heinlein, et qui nous vaut aujourd’hui une superbe Intégrale. L'histoire, qui commence en 2020, avec « les premières photonefs vers les planètes extérieures et les étoile » pour une première nouvelle, L’été étranger, publiée en 1965, se poursuit en 2120 avec l'invasion de la Terre, déjà déchirée par des guerres incessantes, par la Confédération de Mars) à 2185 où notre planète en ruine, décimée par la terrible maladie d'Adam, est aux mains d'une matriarchie intolérante et cruelle.
Un ensemble certes cohérent mais qui n'est en fait qu'un prétexte, un simple liant pour une série de perles brillantes où les dates comme les événements répertoriés ne sont là que pour évoquer de fascinants paysages tant géographiques que subhumains, mécaniques ou oniriques qu'on aurait bien vus dessinés par Moebius. Le soldat couplé à son second cerveau des Tambours d'Australie, la vision d'un Lyon baroque et à moitié inondé (Le Bataillon-légende), l'inquiétante mer gazeuse de L'Ile aux Alices, le sommeil agité de rêves/cristaux des Barabarriques dans l'Arbre de fureur, l'extraordinaire et skeckleyen oiseau mécanique de La Course de l'oiseau Boum-Boum sont quelques-uns des rêves qu'il illustre, porté par une constante : les principaux obstacles que rencontre l'homme dans sa conquête de la Galaxie ne tiennent pas tant à des problèmes techniques, non plus qu'à des espèces étrangères, mais à la guerre, à la folie qu'elle entraine. Demuth est un styliste plus qu'un homme séduit par l'action, à l'aise dans les descriptions où il arrive qu'on oublie l'histoire racontée pour se souvenir seulement de sa couleur : « Les trois rectangles ardents des casernes-aux-âmes occulteraient bientôt le grand feu de Cor Caroli. Dans la réverbération des facettes, les lanières poussiéreuses du centre galactique avaient disparu. Lancé plein jet vers la boule bleuâtre de la Boule Tierce, Merle tentait désespérément d'écraser sa peur en identifiant les étoiles. La double balise verte d'Amayang du Bouvier. L'atoll grenat du système de Pendragon dans la mer céruléenne du Nuage de Clara et, immédiatement au-dessous, la trainée de diamants des mondes corpuscules de Jhamal » (Relai sur Évidence).
Configuré par Richard Comballot et préfacé par Serge Lehman, le présent ouvrage, épais de 670 pages et couverturé par un dessin de Philippe Druillet issu de son adaptation d’une des nouvelles du cycle, Iragaël ou la fin des temps, nous restitue le tableau chronologique voulu par le maître d’œuvre, annonçant des nouvelles au contenu qui fait rêver, comme Indépendance de Vénus après la bataille de Grand-Neige… dont beaucoup ne sont pas et ne seront jamais écrites. Malade depuis plusieurs années, Michel Demuth décède à Paris le 29 septembre 2006, nous laissant longtemps après cette intégrale, complétée de manière posthume par ses amis et admirateurs qui, sans « faire du Demuth » se sont parfaitement intégrés à l’œuvre pour des variations personnelles, ainsi de Joëlle Wintrebert, Jean-Claude Girardot, Jacques Barberi, Richard Canal, Hugo Bellagamba et quelques autres encore. Un monument, qui restera (Le Bélial’).
D’AUTRES LECTURES
•Les Foudres de l'Abime de Philippe Tessier regroupe les trois tomes de la série Polaris inaugurée avec La Directive Exeter et Opération Nemrod, dont il constitue l’intégrale avec Les Soldats du Crépuscule. L’auteur, en plus de 700 pages, y brosse un large panorama du monde de Polaris, soit le fond des océans dans lequel l'humanité s'est après avoir rendu la surface de la terre inhabitable. Aidée par les mystérieux Généticiens, celle-ci a réussi à rebâtir une civilisation à la technologie avancée. Mais est-ce suffisant pour le pas rééditer les erreurs du passé ? (Léha).
• On connait Kevin J. Anderson pour toutes les suites à Dune coécrites avec Brian Herbert. Avec le premier tome de La Saga de la nuit (L’ombre entre les étoiles), qu’il présente comme «sa lettre d’amour à la science-fiction», il nous fait explorer un lointain futur spatial où les humains vont être confrontés, dans une nébuleuse si opaque que la lumière n’y pénètre jamais, à un danger menaçant toute créature vivante. 740 pages d’un space-opera épique (Bragelonne).
• La Hanse galactique, cette série de Poul Anderson contant les aventures du prince-marchand Nicolas van Rijn s’étale sur cinq volumes, dont voici le dernier, Le Crépuscule de la Hanse, qui boucle une saga pas comme les autres, l’auteur y abordant le coté économique de l’expansion spatiale, qui n’exclut pas les guerres de clans. Plus que jamais d’actualité ! (Pocket).
• Sous le seul de V, Yves Letort s’est lancé dans une expédition périlleuse : demander à divers auteurs et autrices d’écrire une nouvelle sur les vampires en « effectuant un pas de côté par rapport à ce thème. Seize d’entre iels ont répondu, dont on vous laisse le plaisir de la découverture, en signalant notamment Atalef de Céline Maltère ou encore Hologramme de Fabienne Leloup, ce qui semble prouver que les femmes sont particulièrement sensibles aux morsures, pour deux variation sur Carmilla… (Flatland).
LA BD DE LA SEMAINE
Dans un monde post-apocalyptique aux contours flous, Fleur, que visitent des visions qu’elle ne peut pas toujours interpréter, remonte le canal de Suez avec son père, tandis que dans un univers parallèle en apparence paisible, Joe ne cesse de rêver de la jeune fille. Vont-ils se rencontrer ? Dans cet acte 2 de la série Demain, cet espoir semble bien mal parti car l’embarcation où ont pris place le père et sa fille, embourbé dans un océan de plastique et autres ordures industrielles est brusquement cerné par de gigantesques vers fluviaux, ce qui n’empêche pas des pirates d’attaquer et de capturer Fleur, dont le père et abattu et qui va bientôt se retrouver en vente dans un marché aux esclaves. Écrit par Leo, dont on connait comme auteur complet les séries Alderaban et quelques autres, ici en collaboration avec Rodolphe, cette bande, classiquement et clairement dessinée par Louis Alloing avec de limpides couleurs de 1ver2anes nous présente une version énigmatique et originale d’un monde de la déglingue, sujet qui, décidément, n’arrête pas d’inspirer les auteurs (Delcourt).
DC EN 2023
DC Comics, la grande rivale de Marvel, nous annonce pour l’an prochain une partie de son programme… Avec la fin proche de Dark Crisis Infinite On Earths, une nouvelle initiative démarrera avec Actions Comics en janvier et Superman en février. En mars verra l'arrivée d'une nouvelle série, Doom Patrol, qui fera suite aux événements de Lazarus Planet, à commencer par Unstoppable Doom Patrol sera écrit Dennis Culver (DC Infinite Frontier – Justice Incarnée) et dessiné par Chris Burnham (Batman Incorporated). Avril verra le retour de Green Arrow par Joshuah Williamson (Flash Rebirth) et Sean Izaakse (Fantastic Four – L'histoire D'une Vie). Découlant directement de Dark Crisis on Infinite Earths, on y suivra la famille d'Oliver Queen partant à sa recherche, même si des forces mystérieuses semblent vouloir empêcher cette réunion. Enfin, on verra l'arrivée de la mini-série qui avait gagné le DC Round Robin-winning de 2022, Superboy : The Man of Tomorrow par Kenny Porter et Jahnoy Lindsay. Pour mai, c'est le retour de Batman : The Brave and the Bold qui accueillera de grands noms comme Tom King (Batman Rebirth), ou Mitch Gerads (Mister Miracle). Enfin, en juin, c'est le retour de Shazam ! par l'équipe créative de Batman/Superman: World’s Finest avec Mark Waid et Dan Mora. Ne reste plus qu’à espérer les traductions françaises, qui viendront, n’en doutons pas !
JEAN-PIERRE ANDREVON