"Black Adam": DC remonte son handicap sur Marvel
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FILMS SORTIS
BLACK ADAM ***
USA. 2022. Réal.: Jaume Collet-Serra.
Un nouveau film de super-héros ? Certes, mais ce petit dernier, signé Jaume Collet-Serra avec en vedette l’imputrescible Dwayne Johnson plus que musclée est une très bonne surprise. Sujet : le réveil après 5000 ans de sommeil de l’esclave Teth Adam, qui vivait dans l’antique cité de Kahndaq, et dont les sorciers ont fait une sorte de demi-dieu protecteur maniant la foudre comme Zeus en personne à condition qu’il lance le mot magique Shazam !, ce qui fait de lui le double beaucoup plus sombre du super-héros qui partage son origine et ses pouvoir, le Captain Marvel premier du nom. Son but, une fois délivré de son sommeil millénaire : libérer Kahndaq, devenu une ville moderne mais contrôlée par des mercenaires d'Intergang, qui exploitent les ressources et imposent une véritable dictature. Créé en 1945 par Otto Binder et C.C. Beck, Black Adam, repris et retravaillé dans les années 90 par Jerry Ordway, est devenu selon les comics un super-héros ambigu, qu’effectivement seule motive la justice, mais appliquée de manière brutale, selon le principe de l’œil pour œil, dent pour dent. Ce pourquoi il va se heurter à quatre membres de la Justice Society, Hawkman, le Dr Fate, Atom Smasher et Cyclon, qui eux, en bons super-héros classiques, ne tuent pas, alors que lui, comme il le déclare d’un ton péremptoire, si. D’où une suite de bagarres aux immeubles qui s’écroulent, l’opposant essentiellement à Hawkman (Aldis Hodge), très impressionnant esthétiquement avec ses ailes rutilantes, dans un tourbillon aérien cent fois répété qui témoigne de la maîtrise de Jaume Collet-Serra et son staff d’effets spéciaux, mais limite quelque peu la portée morale d’un ensemble qui, du seul point de vue visuel, vaut le déplacement, The Rock imposant sa stature nimbée d’éclairs (et au crâne rasé alors que son personnage est chevelu dans les comics), qui l’oppose aussi à la sagesse sacrificielle du docteur Fate, où Pierce Brosnan semble physiquement s’être imprégné de la personnalité d’un Magneto revenu à de bons sentiments. Voilà donc un «DC» qui vaut bien un Marvel, et où l’on ne doit surtout pas manquer ce plan post-générique où apparait un personnage que les fans des comics attendaient depuis longtemps, et qui n’a pas dit son dernier mot.
JEAN-PIERRE ANDREVON
À SORTIR EN SALLES
TERRIFIER 2 ***
USA. 2022. Réal.: Damien Leone.
SORTIE : 28 DÉCEMBRE 2022.
Spécialiste du maquillage, Damien Leone débute sa carrière de réalisateur en 2008 avec le court-métrage The 9th Circle. Il enchaine avec un second court, Terrifier, au sujet d’un maniaque grimé en clown pour Halloween. En 2013, Leone rassemble ces deux courts et y ajoute un troisième pour confectionner l’anthologie All Hollow’s Eve. Le clown sadique, Art, s’appuie sur la rumeur des «méchants clowns» commettant des blagues malsaines le soir d’Halloween et attire toute l’attention. En 2016, le cinéaste, décidément obsessionnel, retrouve Art pour un long-métrage assez banal mais qui se distingue par ses effets gores grores, Terrifier. Cette année débarque une séquelle plus ambitieuse précédée d’un buzz typique affirmant que les spectateurs se sentent mal, voire s’évanouissent. Une campagne marketing rondement rodée : le film devient un phénomène et cartonne dans les salles. Il rapporte aux États-Unis près de sept millions de dollars pour une mise initiale de 250 000 dollars (acquittée par un fructueux financement participatif). «Honnêtement, je n’ai jamais espéré qu’une telle boucherie puisse être visionnée en salles exceptée dans quelques cinémas spécialisés», déclare un Leone ravi. Devant les réactions des spectateurs, il ajoute «j’ai l’impression de recevoir une médaille d’honneur, le film est intense mais là c’est surréaliste». Terrifier 2 se montre-t-il à la hauteur des attentes ? En partie. L’intrigue s’avère plus élaborée que dans la moyenne des slashers et les personnages sont caractérisés avec davantage d’attention. La très jolie Laren LaVera campe ainsi une excellente «Final Girl» vêtue d’un costume angélique durant le dernier acte. David Howard Thornton joue, lui aussi, efficacement un Art parfois drôle et souvent angoissant. La musique assume ses références avec une new wave synthétique tout droit sortie des claviers de John Carpenter accompagnée d’une ritournelle entêtante. De plus, pour un petit budget, la photographie est soignée et la mise en scène très correcte avec, là aussi, une esthétique évoquant les années ’80. Le principal argument, le gore, ne déçoit pas et devrait secouer les blasés : les meurtres sont brutaux, sadiques et extrêmes. Une vraie boucherie qui repeint régulièrement l’écran d’écarlate : estomacs fragiles s’abstenir ! Toutefois, en dépit de ses réelles qualités, Terrifier 2 souffre d’une longueur excessive : près de 2h20 reste déraisonnable quoique Leone ne démérite pas dans ses tentatives d’épaissir sa mythologie. Il se déclare d’ailleurs prêt à enchainer avec deux volets supplémentaires, annoncés par une scène post-générique. En attendant, les amateurs de slasher très gores se délecteront de ce déferlement de mutilations et pointeront la présence de Felissa Rose (Massacre au camp d’été) et du catcheur Chris Jericho.
Fred PIZZOFERRATO
FILMS EN VOD
TRICK OR TREAT SCOOBY-DOO ! ***
USA. 2022. Réal.: Audie Harrison.
Véritable institution aux États-Unis, Scooby-Doo nait en 1969 par suite des protestations d’associations de parents contre la violence à la télévision. Les dirigeants de CBS cherchent donc la parade et lance un nouveau dessin animé voulu tout public, humoristique et légèrement effrayant. Dans celui-ci, une bande d’amis résout des mystères avec l’aide de leur chien Scooby-Doo. Entre comédie, fantastique et policier de type «whodunit», la saga trouve sa voix et le juste ton, s’attirant de nombreux fans. D’innombrables séries animées content leurs aventures, ainsi que deux longs métrages en prise de vue réelles et quantité de direct to vidéo.
Trick Or Treat Scooby-Doo ! bénéficie d’une intrigue relativement élaborée et d’une certaine originalité, en particulier au niveau des motivations du «vilain». Les personnages, de leur côté, sont toujours aussi attachants. Du dadais Sammy à la trop sérieuse Velma, en pleine crise de romantisme à l’égard de la méchante Coco Diablo, la bonne humeur domine. Avec un rythme soutenu, des répliques amusantes et des rebondissements incessants, cet énième long-métrage fonctionne parfaitement. L’animation se montre, elle, de bon niveau, sans vouloir paraitre trop moderne et concurrencer les productions plus actuelles comme Pixar. En fait, ce côté quelque peu rétro convient à cette franchise qui rend hommage, par ses thèmes et monstres variés, au fantastique classique. Cette belle réussite fait honneur à cette institution du dessin animé qui parvient, après un demi-siècle, à garder vivace les fondamentaux tout en se renouvelant subtilement.
Fred PIZZOFERRATO
L’ÉCOLE DU BIEN ET DU MAL *
(The Schoolf for Good and Evil) USA. 2022. Réal.: Paul Feig. (Netflix)
La dernière réalisation de Paul Feig (L’Ombre d’Emily) accumule tous les défauts de la Fantasy pour «jeunes adultes». L’intrigue, à base de deux écoles rivales dans lesquelles sont formés les «gentils» et les «méchants de conte de fées, marchent maladroitement sur les plates-bandes d’Harry Potter. Bien sûr la gentille et naïve Sophie se retrouve à l’École du Mal tandis que sa copine au look gothique échoue chez les «princesses». Dès l’entame, le spectateur capitule devant un déluge d’effets spéciaux et de visuels hideux. Le reste du trop long-métrage prend le même chemin : un univers sous-exploité, divisé en magiciennes rose bonbon et en sorcières en habits sombres, des bavardages insipides et des répliques risibles. A cela s’ajoute l’inévitable prophétie visant à transformer l’héroïne en sauveuse du monde, des personnages secondaires inutiles et des références assénées sans finesse. Les prestigieux comédiens, venus parader dans cette triste école, semblent bien perdus dans cette histoire beaucoup trop longue, paresseuse et confuse. Si les très jeunes enfants pourront apprécier ces combats de sorcellerie, les adolescents en sortiront probablement consternés.
Fred PIZZOFERRATO