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DISPARITION DU MANGAKA AUICHI TERASAWA
Le mangaka Buichi Terasawa est décédé à l'âge de 68 ans des suites d'un infarctus. Né le 30 mars 1955 à Asahikawa, Buichi Terasawa est surtout connu pour avoir créé Cobra, l'un des mangas les plus emblématiques des années 80. Ce space-opera a été prépublié pour la première fois dans le magazine Weekly Shōnen Jump de Shueisha en 1978, et ce jusqu'en 1984. L'histoire suit les aventures de Cobra, anti-héros charismatique et aventurier de l'espace équipé de son bras psychogun, Magnifique » pour créer son aventurier de l'espace, Cobra, qui emprunte les traits et l'attitude décontractée du Belmondo du Magnifique. L'anime tiré du manga est diffusé en France à partir de 1985.
Buichi Terasawa se distingue par un style visuel distinctif, fusionnant techniques traditionnelles et numériques, et pour son utilisation précoce de l'infographie dans la création de mangas. En plus de Cobra, il a travaillé sur d'autres oeuvres, comme Takeru, réalisée en images de synthèse et prépublié à partir de 1993, ou Midnight Eye Goku, paru au Japon entre 1987 et 1989, avant d'être traduit en français par les éditions Taifu Comics.
BELA LUGOSI EN IMAGES
Un jeune fan vient interviewer Bela Lugosi en 1956, au seuil de la vie. C’est essentiellement sa dame de compagnie et ex-épouse (sur cinq), Lillian, qui répond aux questions, Béla Blasko de son vrai nom, ayant tendance à enjoliver son passé. On suit ainsi ses débuts à Budapest, son exil à Berlin, son arrivée aux États-Unis avec 100 dollars en poche et ne parlant que dix mots d’anglais, l’ascension, la chute, la morphine. Les pages muettes sur le Dracula de Tod Browning, le long calvaire du Frankenstein qu’il refusa forment le meilleur de cet album de 144 pages, signé de Philippe Thiraut au scénario et Marion Mousse pour le dessin, qui insiste un peu trop sur la longue agonie de l’ex-star scotché à son fauteuil roulant, au détriment de sa carrière ultérieure. Le dessin, un noir et blanc expressionniste assombri de trames gris foncé, pour être accordé à l’ambiance et à l’époque, souffre d’un excès caricatural avec pour résultat qu’on ne reconnait personne, y compris le rôle principal. Demi-réussite donc, qui n’en reste pas moins intéressante pour l’Histoire et la nostalgie (Glénat).
CÉLINE MALTÈRE EN GRANDE FORME
On connait cette jeune autrice par, déjà, une bonne quinzaine de recueils ou de romans (La Déception des fantômes, La Tour des dames), souvent des fantaisies aimables et poétiques. Tout autre est Les Tanathocrates, ensemble de courtes nouvelles décrivant une dystopie îlienne où tout lecteur bien né n’aurait pas envie d’y aborder pour tout l’or du monde. « L’îlot immense dégageait l’odeur du plastique, crachait des sources de pétrole (…) Après quelques d’attente, je récoltais le fruit de ma pêche : de nombreux morceaux de métal, des déchets de toutes sortes, des carcasses d’hommes et de bêtes. » Ou encore : « Plus rien n’était protégé. On tua avec ferveur les éperviers, les aigles, les pies et les cacatoès ; sur mer la traque des baleines qui existaient encore s’intensifia. On massacra tout ce qui se montrait à la surface ». Doit-on ajouter la mort d’un scorpion brûlé vif et qui choisit le suicide sous les rires d’innocents tortionnaires ? Il y en a ainsi sur près de 400 pages, le premier ensemble étant suivi de deux autres segments, Cœurs et noctules et Mauvais sort, où Maltère diversifie son propos et ses décors (western, épopée maritime) tout ne déviant pas d’un poil de son constat. Techniquement, on pourrait lui reprocher d’avoir tout donné en un seul épais volume qui eût peut-être gagné, afin que l’on puisse respirer, à être divisé en trois recueils indépendants. Car, pauvres de nous, rien ne nous est épargné :
« Remède à tout, la mort n’est pas un mal : se débarrasser des faibles, mettre un terme au tremblement des vieillards, aux naissances anormales font partie de nos principes ». Est-ce l’autrice qui parle, ou seulement son personnage ? Ne pas répondre à cette question provoque un délicieux frisson de la moëlle, car Les Thanatocrates vous tenaille là où ça fait mal. Bizounours, passez votre chemin. Céline Maltère a la dent dure et le style acéré, ses contes sont des règlements de compte, face à un monde dont la cruauté, on l’a vu, nourrit l’essentiel de ses pages. Normal. Puisque « nous sommes la seule espèce capable de tenir un fusil » (La Clef d’Argent).
LES DJINS PERTURBENT LES CROISADES
Nous avions évoqué ici même la parution, en mars de cette année, du premier tome de la série Nero (Obscurci est le soleil, ternes sont les étoiles) 145 pages magnifique pour un récit situé eu Moyen Orient à la toute fin du Xie siècle, en pleines croisades. Non pour raconter de manière historique cette tentative controversée de reconquêtes des terres musulmanes, mais pour évoquer l’alliance houleuse entre un farouche guerrier arabe (le Nero du titre) et un très étrange ancien moine se faisant passer pour un chevalier chrétien, unis dans la résistance contre une horde de djinns (qui ressemblent beaucoup à des zombies), profitant du conflit pour semer la terreur… Il n’a fallu attendre que six mois à peine pour voir publier un second volume tout aussi épais, D’ombres et de murmures, où nos deux héros, mais aussi l’intrépide et cruelle Nizarite continuent de se battre contre le Mal qui s’étend en Terre sainte. Si l’histoire patine quelque peu en comparaison avec le précédent album, le dessin signé Emiliano Mammucari (également scénariste) et Matteo Cremona nous en met toujours autant plein de la vue – pensons à ces pleines pages sur un tsunami provoqué par les djinns et qui dévaste la ville de Tyr – de quoi attendre impatiemment le troisième tome annoncé (Dupuis).
MANARA À PARIS
On ne présente plus Milo Manara, né en 1945 à Luson en Italie et qui, au fil des années, a développé une œuvre qui s'est imposée dans le monde entier, explorant des thèmes allant de l'érotisme (Le Parfum de l’invisible) au western (Un été indien), en passant par le récit historique(Le Decameron). Il a également collaboré avec des artistes renommés tels que Hugo Pratt, Federico Fellini, Alejandro Jodorowsky et Umberto Eco. C’est donc un événement d’importance que cette exposition en France présentant un ensemble de son œuvres, qui comprend une série exceptionnelle de nouvelles illustrations en couleur sur les métamorphoses de Zeus, réalisée pour l'ouverture de la saison 2023-2024 du Teatro Pergolesi de Jesi en Italie, mais aussi des pages de son nouvel album, Le Nom de la rose, adaptation en deux volumes du roman d'Umberto Eco, publiée mois-ci par les éditions Glénat. De plus, l'exposition mettra en avant une série de couvertures de livres réalisée en collaboration avec Il Corriere della Sera et La Gazzetta dello Sport au printemps 2018. À voir la galerie Huberty & Breyne, qui représente l'ensemble de son travail depuis 2012, du 22 septembre au 21 octobre 2023 au 36, avenue Matignon (75008).
FORMULA BULA 11
Après avoir célébré la dixième édition du festival en 2022, voici le temps d’un nouveau cycle. On remet les compteurs à zéro, on déménage et on change de forme mais pas de formule : Formula Bula on peut toujours y trouver ce qu’on ne cherchait pas ! En 2023, Formula Bula investit un nouvel espace baptisé Césure. À l’initiative de la coopérative Plateau Urbain et de Yes we camp, ce nouveau tiers-lieu est situé sur l’ancien campus de l’université Sorbonne-Nouvelle Censier en plein Quartier Latin. Sur un immense plateau sont regroupés notre fameux village des éditeurs et toutes les activit.s du festival. Une exposition collective intitulée FORMULA BULA MAGAZINE qui prend la forme d’un magazine éphémère et en 3 dimensions se déploie au cœur de notre salon des éditeurs et décrypte le travail d’artistes internationaux. Un salon regroupant 40 maisons d’édition françaises et européennes et 200 auteur.ices. Des rencontres, performances et spectacles exclusifs. Création d’un prix célébrant la meilleure bande dessinée de la rentrée : le Prix Prima Bula. Un riche cycle d’ateliers pour tous les publics dirigés par les artistes qui partagent avec les festivaliers leur savoir-faire. Une journée professionnelle à l’attention des libraires et bibliothécaires.
Du 22 au 24 septembre13 Rue Santeuil, 75005 Paris
Métro : M7 Censier-Daubenton
NOUVEL AUTEUR, NOUVELLE ÉDITION
Nous sommes en 2115, sur une planète comme il se doit en pleine déglingue : « La fin du monde n’a rien de fracassant ni d’apocalyptique, il ne s’agit que d’une lente agonie ». Résiste pourtant une organisation clandestine, la Cellule fantôme, dirigée par Melyssa Faust qui, pour tenter de remettre de l’ordre en ce bas monde, va chercher à récupérer les technologies dangereuses, pour les éliminer ou s’en servir. Pour ce faire, elle engage un mercenaire du nom d’Erik Cuervo, un costaud très cinématographique doté d’un bras artificiel dont la première mission est de délivrer un otage important aux mains des trois frères Mandragonez, « des tarés qui virent au mystiques » réfugiés dans un immeuble d’un quartier délabré. Ce que va rencontrer Erik, entre morts qui ne veulent pas mourir, robots, créatures infernales, loups géants, emplit les deux volumes de La Cellule fantôme, signés texte et dessin par Olivier Lubrano di Ciccone, saga qui pourrait donner lieu, par ses décors claustrophobes, à une série TV genre Silo, ce qui permettrait d’alléger le côté quelque peu répétitif de l’action et de nous en apprendre un peu plus sur l’univers mis en place ici porté aisément par un graphisme réaliste d’une extrême précision, dopé par les couleurs sobres de Laurent Bonnin. Un nouvel éditeur BD est à l’origine de ce doublé : Clair de Lune, à qui l’on souhaite une bonne continuation.
JEAN-PIERE ANDREVON