"BD à Dieppe": couvrez ces seins que je ne saurais voir...
Une convention de science-fiction dans l'enfer du Nord
EXPOSITION : FRANÇOIS BOURGEON À ANGOULÈME
La Cité internationale de la bande dessinée présente depuis le 11 juillet, en partenariat avec les Éditions Delcourt, une exposition rétrospective exceptionnelle dédiée à l’œuvre et au parcours artistique de François Bourgeon. Explorant ses très nombreuses pages publiées entre 1970 et 1980 dans la presse jeunesse et totalement inédites en albums ainsi que ses trois opus majeurs, le parcours comprend environ 150 planches, illustrations et documents dont beaucoup n’ont jamais été exposés. Il inclut des tableaux, des maquettes et moulages réalisés par François Bourgeon ainsi que des documents audiovisuels. En l’espace d’un peu moins d’un quart de siècle, François Bourgeon a édifié une œuvre magistrale, faisant de lui l’un des maîtres incontestés de la bande dessinée. Loin d’être prisonnier d’un genre, Bourgeon a exploré avec minutie et sans réserve les possibilités de la construction imaginaire. Visitant tantôt les arcanes du moyen-âge tantôt les événements significatifs de l’ancien et du nouveau monde des 18e et 19e siècles, Bourgeon s’est ensuite tourné vers un genre de science-fiction où la modernité coexiste avec l’archaïsme. Le Studio Golem a conçu une scénographie exceptionnelle pour cette exposition. Fort de son expertise et de ses réalisations inoubliables telles que Zombillenium, Batman ou Kirkman/Walking Dead,
Cité internationale de la bande dessinée et de l'image, tous droits réservés
121 rue de Bordeaux – Angoulême, jusqu’au 5 mai 2024
FESTIVAL BD DE DIEPPE : UNE AFFICHE CONTESTÉE
Devant l'église Saint-Jacques de Dieppe, rêveuse et entourée de livres, une jeune fille pose vêtue d'un débardeur rouge au léger décolleté. Réalisée par l'auteur Jim, l'affiche du festival de BD à Dieppe, prévu les 22 et 23 juillet, représente Marie, héroïne de son récit intimiste Une Nuit à Rome. Le 20 juin, le festival présentait l'illustration sur Facebook, avant d'en publier une différente deux jours plus tard, sommairement modifiée. Une pile de livres couvre désormais la poitrine de la jeune fille. Un changement voulu par la municipalité qui subventionne à hauteur de 1500 euros l'événement et en assure une partie logistique. «Quand nous avons vu l'affiche, nous avons alerté l'association sur le risque de polémique qu'elle pouvait susciter, a déclaré l'adjointe au maire en charge de la vie associative, des animations et de la lutte contre les discriminations
RENDEZ-VOUS EN AOÛT POUR LE PENTACONTACON !
2023 est l’année du Cinquantenaire de la création par Jean-Pierre Fontana de ce qui allait devenir un rendez-vous régulier des amateurs français de science-fiction et qui ne s’appelait pas encore à l’époque « Convention nationale française ». C’est le magazine Galaxies, son rédacteur en chef Pierre Gévard et son équipe qui se sont chargés cette année d’organiser cette rencontre, du 17 au 20 août 2023, sur le site minier de Wallers-Arenberg, au nord des Hauts-de-France, dans le décor de Germinal et tout près de l’endroit, où tous les ans, les amateurs de cyclisme et de pavés se réunissent pour voir la trouée d’Arenberg, dite « l’enfer du Nord » avaler son peloton de coureurs. Pour le logement, l’offre hôtelière est abondante dans un rayon de cinq à dix kilomètres, comprenan tavec des gites à proximité immédiate (références sur le site). Pour les repas, un accord a été conclu avec le traiteur qui les avait assurés en 2006 et 2009, à la satisfaction de tous. Important : il est nécessaire de s’inscrire sur le site, avant le 31 juillet, le prix d’inscription étant de soixante euros.
https: //conventionducinquantenaire. yolasite. com/
LE GRAND ŒUVRE D’ANNE Mc CAFFREY
Anne McCaffrey a publié plus de 80 ouvrages. Son œuvre la plus connue et la plus conséquente, le Cycle de La Ballade Pern, ouvert en 1968 par Le Vol du Dragon (Dragonflight), compte 18 romans. Sur la planète Pern, une jeune femme nommée Lessa est recrutée pour établir un lien télépathique avec une reine dragon nouvellement éclose, devenant un chevalier-dragon, et leader de la communauté du Weyr. Car un danger récurrent menace, les Fils, qui ne sont plus tombés depuis quatre cents révolutions (années pernaises) et dont une pluie de poussières noires annonce le retour et les dévastations qu’ils provoquent. Mais Lessa, qui a découvert le moyen de se déplacer dans le temps, envoie une portée de jeunes dragons dans le passé, afin de les faire arriver à maturité et fournir des renforts pour le combat qui s’annonce… Les personnages et les conflits vont se multiplier dans les ouvrages qui suivent, la situation de Pern, planète jusque-là oubliée du reste de la galaxie, se complexifiant à partir de L’Aube des dragons où, venus de la Terre, trois vaisseaux se mettent en orbite, les flancs chargés de 6000 colons. Cette œuvre monumentale est en cours de réédition, sous forme d’une intégrale de 6 volumes dont les 3 premiers, avec 9 romans au total, viennent d’être publiés (Pocket). Attention, près de 3000 pages au total, mais qui en valent la peine.
JÉRÔME LEROY ENTRE UTOPIE ET DYSTOPIE
Pendant 20 ans professeur en zone d’éducation prioritaire à Roubaix, expérience à n’en pas douter nourricière pour l’œuvre de celui qui se décrit comme « compagnon de route d’un communisme sans dogme, anar des chemins buissonniers » et dont l’adversaire récurrent est le totalitarisme sous toutes ses formes, Jérôme Leroy se veut et se proclame « auteur engagé » (Bref rapport sur une très fugitive beauté, Les Derniers jours d’un fauve). Avec Histoire de la fille qui ne voulait tuer personne, son plus récent ouvrage, nous somme en 2069 où, après la Décennie Terrible de 2033-2043 qui a vu la population mondiale se réduire de moitié suite à la pandémie de la fièvre hémorragique de Marburg, la nouvelle Fédération Européenne s’est reconstituée. Grâce aux puits Dacier-Blum qui captent le carbone et ont fait reculer l’effet de serre, le monde nouveau a toute les apparences de la parfaite société écologique : sobriété collapsologique, égalité pour toutes et tous, interdiction de la cigarette et de toute alimentation carnée, enfant unique, fin de la violence. Seulement la population vote par référendum le rétablissement de la peine de mort pour tout coupable de détournement de ces lois, un citoyen tiré au sort devant alors faire office de bourreau. Ce qu’il advient à Ada Veen, 17 ans, fille d’une femme politique de premier plan et qui, âgée de cinq ans, a dénoncé son père qu’elle a surpris en train de fumer en cachette. Il ne lui restera plus qu’à fuir vers la République Libertaire du Portugal, dans une fin qu’on pourra juger un peu trop sucrée. Mais on n’oubliera pas son panorama d’un monde qui, entre l’utopie fragile et la dystopie qui menace, n’a pas réussi à éliminer la violence de la Bête immonde au ventre toujours fécond (Syros).
JEAN-PIERRE ANDREVON
FILMS SORTIS
INSIDIOUS : THE RED DOOR **
USA. 2023. Réal.: Patrick Wilson.
Pour aborder ce cinquième volet (qui devrait être le dernier) en compagnie de la famille Lambert, il est utile de rappeler qu’il est la suite directe du 2, les 3 et 4 étant des préquelles concernant d’autres victimes. Ici, Josh, le père, où Patrick Wilson reprend son rôle des 1 et 2 tout en passant derrière la caméra, est un esseulé qui vient de perdre sa mère, n’a pas revu son fils Dalton (Ty Simpkins qui avait 10 ans lors du premier volet) depuis dix ans, alors qu’il est divorcé de sa femme Renai. La première partie de du film, paradoxalement la meilleure, passe pour un traditionnel mais sensible drame de l’incompréhension, Josh tentant maladroitement de récupérer un grand ado mutique qui ne vit que pour l’art, venant d’intégrer une école de dessin. Et, comme il faut bien que l’horreur s’installe, c’est en peignant une porte rouge que Dalton ouvre le passage aux esprits harceleurs qui n’étaient jamais bien loin, dont le terrible démon au visage rouge. Suivent alors pour le père comme le fils de brusques cauchemars (ou est-ce la réalité ?) dans la grande tradition des jump scares, qui font sans doute régulièrement sursauter mais n’apportent rien au tout-venant des films du genre. Et il faudra que Dalton ait l’idée de couvrir sa toile d’une épaisse couche de noir, rendant ainsi sans le savoir hommage à Pierre Soulages, pour que la porte de referme. Ce qui permet à Josh de retrouver son fils avec force effusions, et peut-être bien même l’amour de Renai. Tout est bien qui finit bien, en somme, pour un métrage certes adroitement réalisé mais qu’on peut aussi juger totalement inutile.
JEAN-PIERRE ANDREVON