FILMS SORTIS
HYPNOTIC ***
USA. Réal.: Robert Rodriguez.
Le détective Danny Rourke est plongé dans la déprime depuis que, quatre ans auparavant, sa fille Minnie, sept ans, a été enlevée sans qu’on sache par qui, pourquoi, ni même si elle est encore vivante. À l’occasion d’un braquage de banque qui se déroule de façon étrange, Rourke se voit confronté à un homme doué d’un extraordinaire pouvoir hypnotique qui lui permet de s’échappe sous ses yeux de façon inexplicable. Certains indices semblant de plus prouver que le gangster, Dellrayne n’est pas étranger à l’enlèvement de Minnie, Rourke va se lancer dans une enquête à tiroirs avec l’aide de Diana Cruz, une voyante qui en sait beaucoup plus qu’il paraît et se révèle elle-même douée de facultés hypnotiques. Mais qui est-elle, en réalité ? Et qu’est-ce que la réalité, quand tout se déforme au regard, au point que certaines personnes se révèlent quelqu’un d’autre et qu’un individu tué sous vos yeux peut repaître bien vivant quelques minutes plus tard ?
Commencé comme un polar classique, le métrage de Robert Rodriguez, spécialiste de séries B qui peuvent virer au Z, prend la tangente dans un labyrinthe de plus en plus complexe où l’on ne sait jamais si ce qu’on voit est réel ou le fruit de suggestions visuelles, d’autant que les hypnotiseurs, qui font partie d’un complot aux dimensions planétaires, se multiplient comme à loisir. Filmé avec aisance, un vrai sens du mystère qui vous fascine (presque) jusqu’à une finale tirée par les cheveux, le film contient quelques séquences frappantes, ainsi de celle où Rourke, poursuivi par Dellrayne, se perd dans une gare immense qui se déforme sous ses yeux (Inception est passé par là), ou ce plan surprenant où, regardant une photo de sa femme disparue, il voit son visage se transformer, lui révélant qu’il a vécu avec une autre femme que celle dont il garde le souvenir. Si un Ben Affleck monolithique, mâchoires serrées pendant une heure trente, porte sur les larges épaules de l’ex-Batman cette œuvre sympathiquement brouillonne, c’est néanmoins William Fichner en méchant insaisissable qui remporte la mise et, semble-t-il (mais chut !), n’a pas dit son dernier mot.
Jean-Pierre ANDREVON
LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER ****
Le 6 juillet 1889, le vaisseau Demeter quitte le port de Varna dans les Carpathes à destination de l’Angleterre, pour y transporter 50 caisses remplies de terre. Suite à une violente tempête, le Demeter s’échoue sur la côte de Whitby le 4 août. Des neuf hommes d’équipage plus trace, sauf le capitaine, mort attaché à sa barre. C’est qu’il y avait un passager clandestin à bord : le comte Dracula en personne, dormant le jour et sortant la nuit pour se nourrir à sa manière…
Des 4 pages (le journal du capitaine) extraites du célèbre «Dracula» de Bram Stoker relatant cette traversée, le Norvégien André Øvredal (dont on n’a pas oublié le premier film, The Troll Hunter en 2010) a exploité au maximum les possibilité d’un récit laissé pour sa plus grande part à l’imagination du lecteur en optant pour un réalisme poussé – le navire a été entièrement construit en dur et filmé dans les énormes bassins ouverts des studios de Babelsberg en Allemagne – et en maintenant une ambiance totalement nocturne oppressante. Le suspense est tendu à partir du massacre incompréhensible des animaux de boucherie se trouvant dans la cale, le monstre ne se montrant que très progressivement, de victime en victime, sur le modèle du premier Alien avoue le réalisateur, jusqu’à ce plan impressionnant où on le voit enfin huché sur le toit d’une cabine, ailes de chauve-souris déployées, le rôle étant tenu par l’Espagnol Javier Botet, spécialiste du genre avec ses deux mètres et ses membres d’une extrême maigreur due à une maladie génétique, son visage étant ici calqué sur celui de Max Schreck dans le Nosferatu de Murnau. Pour corser la trame, l’équipage liminaire a été renforcé par une femme, Anna, contaminée par le monstre, un jeune garçon pupille du capitaine Elliot et un Noir, Clemens (Corey Hawkins) dans le rôle principal, celui d’un médecin africain sorti de Cambridge et dont la présence dans les Carpathes à la fin du XIXe siècle laisse malheureusement soupçonner un effet du wokisme ambiant. Qu’importe au demeurant devant la réussite tant dramatique qu’esthétique de ce Moby Dick à l’envers qui, à défaut de nous faire véritablement frissonner, nous tient en haleine près de deux heures durant.
Jean-Pierre ANDREVON
NEWS
INVASION D’ARAIGNÉES
C’est le 26 décembre que sera diffusé le film d’horreur français Vermines de Sébastien Vanicek. Kaleb est sur le point d’avoir 30 ans et n’a jamais été aussi seul. Il se dispute avec sa sœur à propos d’un héritage et a rompu tout lien avec son meilleur ami. Fasciné par les animaux exotiques, il trouve une araignée venimeuse dans un bazar et la ramène dans son appartement. Il ne lui faut qu'un instant pour s'échapper et se reproduire, transformant l'ensemble de l'endroit en un terrible piège en toile. Au même moment, la police boucle le bâtiment où les habitants sont pris en embuscade. Seule option pour Kaleb et ses amis : trouver la sortie pour survivre. Le film marque les débuts de son réalisateur. «L'idée a toujours été de faire un spectacle qui vaut la peine d'être vu» dit-il. «C'est aussi un film très personnel qui dépeint les banlieues françaises que je connais, loin des films d'auteur ou de la caricature des comédies. C'est un film de genre qui vous bouscule, vous émeut, vous fait frissonner, car il me semble qu'à travers les émotions, on finit par être concerné et impliqué».
VAGUES DE TERREUR
Tourné cet été en Polynésie, Pacific Fear est un nouveau film d’horreur français signé Jacques Kluger, qui avait dirigé récemment le film d’horreur belge Play or Die. Un groupe d’amis surfeurs à la recherche des meilleurs vagues possibles arrivent sur une île mystérieuse qui a été effacée de toutes les cartes. Ce à quoi ils ne s'attendent pas, c'est que ce soit le début d'une lutte pour leur survie. Produit par Nolita et Darklight Content, le métrage, qui sortira début 2024, a pour vedettes Adèle Galloy («Calls»), Marylin Lima (Une sirène à Paris) et Marie Zabukovec (Coupez !).
LA NAISSANCE DU MAL
Le scénariste et réalisateur argentin Demian Rugna, auquel on doit le réussi Aterrados (2017) et qui a cosigné l’anthologie horrifique Satanic Hispanics , a signé un nouveau film du genre, When Evil Lurks (Cuando acecha la maldad), coproduction USA/Argentine. Dans un village isolé, deux frères trouvent un homme infecté par un démon sur le point de donner naissance au Mal lui-même. Ils décident de se débarrasser de l'individu mais réussissent simplement à l'aider à délivrer l'enfer ! "Nous essayons de raconter une histoire macabre avec une atmosphère extrêmement oppressante et réaliste, mais avec un rythme effréné, sans abandonner une narration forte. Un univers authentique qui re-signifie les histoires du Mal et des malédictions ; un environnement rural sur une plaine monotone, interrompu par une série d'images et de séquences extrêmement sinistres» a déclaré le réalisateur. «Evil Lurks représente un double défi pour moi et pour le spectateur - complexe à mettre en scène et aussi très austère pour quiconque le regarde. J'avais besoin de quitter le schéma d'une production confinée pour rompre avec tout. Ce film représente mon soulagement, une libération d'images dérangeantes qui se sont accumulées dans ma tête au fil des années comme une cocotte-minute". Le film sortira le 6 octobre aux U.S.A. après avoir été présenté au festival de Sitges.