Au Texas, 336 pages de Massacre(s)
Et pendant ce temps, sur la planète Nivôse, le genre s'invertit.
CINÉ-LIVRES
LE CINÉMA QUI FAIT PEUR
Nous avons signalé récemment le premier tome de Massacre(s) à la tronçonneuse de Julien Sévéon. Voici maintenant le tome 2, presque entièrement consacré aux sept films qui ont suivi le premier Massacre de Tobe Hopper. Sévéon écrit : «Même dans ses rêves les plus fous, Tobe Hopper n’aurait jamais pu imaginer que le petit film qu’il tournait durant l’été 1973 deviendrai un tel phénomène et que, 45 ans après sa sortie, de nouveaux projets/suites/préquelles/remakes couvent encore». Paroles enthousiastes, qui se déclinent dans un énorme album de 360 pages, où chacun des sept films (plus quelques autres) ayant suivi le premier du genre sont minutieusement disséqués, accompagnés de nombreuses interviews ( l’actrice Caroline Williams, le directeur photo Richard Kooris, le réalisateur Jeff Burr et bien d’autres), mais aussi de la reproduction de nombreuses pages des scénario originaux, et naturellement d’une grande quantités de photos noir et blanc et couleur, dont certains gros plans à vous soulever le cœur. D’ores et déjà un must (CinExploitation).
JAMES BOND AU VOLANT
Qu’est-ce qui, à l’exception de ses conquêtes féminines, caractérisent le mieux James Bond sous toutes ses incarnations ? Les voitures qu’il conduit sans souci du code la route, bien sûr ! Le journaliste et testeur automobile Jason Barlow s’est installé au volant de chacune d’entre elles, de James bond contre docteur No à Mourir peut attendre, dans le bel et copieux James Bond – L’intégrale des films et des voitures, album de 336 copieusement illustré, nous emmenant toute allure à bord des Cadillac, Chevrolet, Jaguar, Dodge, Mercedes, Ferrari, Aston Martin, Rolls-Royce et même un bus à impériale qui traversent les 25 films de la saga. Des fiches techniques, des graphiques, des photos pris au vol de certaines cascades nous reprécipitent dans nos films favoris sans crainte de vertige. Un album ludique où même ceux qui préfèrent le vélo peuvent prendre un plaisir coupable (Epa).
BIS BAZAR - CHRONIQUES ET NOTULES DU RÉSEAU
BIS BAZAR, c'est quoi ? Des dizaines de notules minus et des douzaines de chroniques maximus, regroupées en un seul fanzine.
Eh oui, on est de la génération "physique" ici, et on préfère quand même le papier au virtuel.
Sommaire en guise de menu :
Fratelli d'Italia
L'auberge espagnole
Cinquante nuances de jaune... ou presque
Culs par-dessus sexes
D'ici, d'ailleurs ou de là-bas
Résultat : 150 pages de cinéma bis, beaucoup de giallos bien sûr (souvent obscurs) et des cagettes de films (très) chauds…
Arrivage en novembre, 13 euros (+7 euros de frais de port)
A précommander ici :
http://videotopsie.blogspot.com/p/blog-page_25.html
ROMANS
UN CHEF-D’ŒUVRE REPEINT À NEUF
Qui ne connait pas le chef d’œuvre d’Usula K. Le Guin, La Main gauche de la nuit (1969), premier roman «non genré» de la SF puisqu’on y voit un envoyé de l’Ekumen, la fédération des planètes habitées, arriver sur la glaciale planète Nivôse, où les habitants changent de sexe suivant des cycles compliqués. Les éditions Robert Laffont, qui ont commencé à ressusciter la série Dune, film oblige, à l’origine publiée dans la collection «Ailleurs et demain» créée et dirigée par Gérard Klein dans une présentation plus luxueuse, vient de faire pareil avec ce roman culte. Nanti d’une nouvelle traduction, plus fidèle, introduit par Catherine Dufour et commenté par Stéphanie Nicot, deux féministes de choc, et encarté dans une solide couverture cartonnée, voilà qui devrait satisfaire aussi bien les anciens lecteurs que les néophytes.
DU NOUVEAU DANS LES RAYONNAGES
Bangkok Déluge, premier roman du thaïlando-américain, Pitchaya Sudbanthad , se présente comme un kaleïdoscope diffracté de la capitale thaïlandaise à différentes époques (du 19e à 2070 !), vu par différents personnages, texte-hydre magistral, tentaculaire, aux frontières du polar et de la SF. Son auteur, qui sera en France pour participer aux Utopiales, le Festival International de science-fiction à Nantes du 29 octobre au 1er novembre en dit : «J’ai commencé à écrire sur Bangkok dans la tentative de donner un sens, par le biais de mon imagination, aux nombreux cycles de changement et de naissance et de renaissance d’une ville. Aucune histoire singulière ne semblait y suffire, il me fallait toujours plus d’histoires. Ce roman est mon portrait d’une ville où les vies de nombreuses personnes déracinées – de jeunes étudiants militants, des adolescents dans un avenir envahi par les eaux – se croisent, témoignant de ses constantes métamorphoses, de son passé cosmopolite à un présent agité jusqu’à une époque bien au-delà de la nôtre» (Rivages).
Estelle Faye fait mentir le cliché comme quoi on chercherait désespérément des autrices au milieu d’une horde de mâles. Rédactrice d’une bonne douzaine de romans, souvent dans le domaine de la fantasy, c’est avec un livre de SF qu’elle reçut les prix Bob Morane et Rosny aîné en 2019 pour Les Nuages de Magellan. Elle nous revient aujourd’hui avec un roman fantastique, Widjigo, qui commence en 1793 et où un jeune lieutenant de la République est envoyé son régiment sur les côtes de Basse-Bretagne pour capturer un noble qui s’est réfugié dans sa forteresse du bord de mer. Mais le vieux Justinien de Sallers en a beaucoup à raconter avant d’être arrêté, ce qui nous permet un bond en arrière de 40 ans, à la rencontre des monstres. Encore une réussite au sein d’une collection qui ne compte pratiquement que ça : Imaginaire, chez Albin Michel.
Enfin, il ne faut pas oublier Le Retour du Hiérophante, seconde partie de la trilogie des Maîtres enlumineurs, heroic-fantasy recréant une sorte de Renaissance italienne où toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado, jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures est engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, ignorant que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Mais Sanciane va devoir faire face à son tour à une nouvelle menace : un hiérophante, qui connait et maîtrise l’enluminure mieux que personne. Bien différent de son premier roman traduit en France, l’effrayant et lovecraftien American Elswere, Robert Jackson Bennett apporte ici poésie et romantisme sur un thème totalement original (Albin Michel – Imaginaire).
BD
Du côté des mangas
Mermaid Saga de Rumiko Takahashi
Parce qu'il a mangé la chair d'une sirène, Yuta est devenu immortel. Depuis des siècles, il traverse le Japon à la recherche d'une de ces femmes-poissons qui pourra enfin lui permettre de vieillir. Mais ces créatures envoûtantes sont aussi belles que dangereuses et c'est dans le sang et les sacrifices qu'il va les retrouver... Un superbe conte noir et mélancolique qui dévoile une autre face de la créatrice de Ranma 1/2.
Après la publication du premier opus Mermaid Forest, Rumiko Takahashi a complété cette saga, devenue culte au fil des années. Aujourd'hui parait une version intégrale de la série, en deux tomes grand format (Glénat).
La BD s’expose
La galerie Glénat, qui a à cœur de présenter régulièrement les originaux de dessins des albums BD qu’elles éditent, présentent jusqu’au 16 octobre les planches de Commando Barbare, du surdoué de la fantasy Nicolas Keramidas. Pour les Parisiens seulement certes, mais cela en vaut la peine. L’adresse : Carreau du Temple, 22, rue de Picardie dans le Troisième, du mardi au samedi de 11 h à 19 h.
Jean-Pierre Andrevon