Ari Aster est-il le digne successeur de David Lynch ?
"Quentin Tarantino-Pop Icons" vous réserve de belles surprises.
Vous êtes formidables: déjà 100% dépassés !
NEWS
AMOUR ÉTERNEL
Un jeune homme va retrouver sa vie passée sous forme de rêves expérimentaux
Daniela Forever, en production, est le nouveau film du talentueux cinéaste espagnol Nacho Vigalondo, auquel on doit notamment Extraterrestre, Timecrimes et Colossal. Beatrice Grannò jouera l’héroine-titre aux côtés de Henry Golding (Snake Eyes). Luttant pour accepter la mort subite de sa petite amie (Grannò) dans un accident six mois auparavant, un homme (Golding) s'inscrit à un essai expérimental qui lui permettrait de reconstruire sa vie avec elle grâce à ses rêves. Cette romance de science-fiction se tournera le mois prochain à Madrid et sera distribué par Filmax.
AU SEUIL DES TÉNÈBRES
Barbara Crampton renoue avec Lovecraft
Après avoir assassiné sa jeune patiente, une psychiatre autrefois estimée regarde impuissante sa vie se transformer en un maelström cauchemardesque d'hystérie surnaturelle et de morts horribles, toutes liées à une ancienne malédiction apparemment imparable. Réalisé par Joe Lynch (Détour mortel 2, Chillerama, Mayhem), Suitable Flesh avec Heather Graham et Babara Crampton est basé sur un scénario de Dennis Paoli (Re-Animator, From Beyond, Dagon) adaptant le récit de H.P. Lovecraft «Le rôdeur devant le seuil». "Quand j'ai lu l'adaptation de l'histoire de Dennis Paoli, j'ai senti qu'il y avait une opportunité fantastique de mettre à jour et de subvertir les sensibilités souvent démodées de Lovecraft d'une manière qui semblait moderne, pertinente et même dangereuse, avec une pincée du néo-noir des années 90 et une pointe d'érotisme pour pimenter l’ensemble» déclare le réalisateur.
ON N’EST JAMAIS MIEUX SERVI QUE PAR SOI-MËME !
La productrice des deux Venom passe à la réalisation
Scénariste et productrice des deux précédents films de la série Venom, Kelly Marcel va faire ses débuts de réalisatrices avec le troisième volet coécrit par Tom Hardy, coproduit par Marvel Entertainment et Sony Pictures, où l’on retrouvera Juno Temple. Kelly Marcel a par ailleurs en projet pour Legendary Entertainent l’adaptation du roman Ferryman de Claire McFall, où lorsqu'une jeune fille émerge des débris d'un accident de train dans un paysage écossais vide, se croyant la seule survivante, elle apprend à la place qu'elle est la seule victime et qu'elle est piégée dans de dangereux limbes. Elle rencontre un garçon mystérieux nommé Tristan, son "passeur", envoyé pour la guider à travers le désert et dans l'au-delà, mais ils tombent amoureux avec des conséquences périlleuses.
RETOUR À LA SF POUR NEILL BLOMKAMP
Un homme et sa fille convoités par une forme de vie extraterrestre hostile
En préproduction, They Found US est le nouveau film de Neill Blomkamp (Chappie, District 9, Elysium), qui sera tourné en Australie, avec Joel Kinnaman, basé sur un script de Jeremy Saler (Death Note, «The Umbrella Academy»). Un père et sa fille entreprennent un voyage de camping dans la nature sauvage de l'Utah pour restaurer leur relation brisée. Attaqués par une forme de vie extraterrestre hostile, leurs vies, pas seulement leur relation, sont en jeu alors qu'ils se battent avec une bête humanoïde pour stopper leur enlèvement vers un monde extraterrestre inconnu et terrifiant.
FATALE ATTRACTION
Neil Marshall et ses drôles de dames…
En tournage, Compulsion est le nouveau long-métrage du Britannique Neil Marshall, (Dog Soldiers, The Descent, Hellboy) où l’on retrouve son égérie Charlotte Kirk (The Lair, The Reckoning). Le film, décrit comme un thriller érotique dans la lignée de Basic Instinct et J.F. partagerait appartement, évoque la relation tordue entre deux femmes, Diana, une voleuse flamboyante et impitoyable, et Elvie (Anna-Mara Sieklucka), une jeune femme apparemment innocente avec un passé troublé et un ombre secret, alors qu'elles sont impliquées l’une et l’autre dans une série de meurtres horribles sur l'île de Malte. Zach McGHowan (Dracula Untold) fait partie du casting.
DIX ANS APRÈS….
Patrick Wilson pour la Ière fois derrière la caméra
Suite directe des deux premiers films, l'histoire de Insidious : The Red Door se déroule dix ans après la fin d'Insidious 2, où Josh Lambert (Patrick Wilson) se dirige vers l'est pour déposer son fils Dalton (Ty Simpkins) dans une université idyllique couverte de lierre. Cependant, le rêve universitaire de Dalton devient un cauchemar lorsque les démons réprimés de son passé reviennent soudainement les hanter tous les deux. Réalisé pour la première fois par Patrick Wilson, sortira en salles le 7 juillet.
FILMS SORTIS
BEAU IS AFRAID *****
U.S.A. 2023. Réal.: Ari Aster.
En quelques courts-métrages et seulement deux longs, Hérédité (2018) et Midsommar (2019), Ari Aster s’est imposé, avec Robert Eggers (The Witch, The Lighthouse), comme co-chef de file d’un cinéma de genre nouveau. Un cinéma enclin à détourner les motifs de l’épouvante et du suspense pour mieux les réinventer dans des propositions aussi radicales que rafraichissantes. Ainsi, comme Ari Aster, rares sont les cinéastes qui en si peu de films ont réussi à imposer leur style au point que leur seul nom associé à un projet suffise à générer l’excitation cinéphile, et d’atteindre donc la sacrosainte appellation d’auteur. Ce statut a son importance symbolique : Midsommar était «le nouveau film du réalisateur de Hérédité», Beau Is Afraid est le «nouveau Ari Aster». Et ce troisième geste, qui devait être initialement le premier (il reprend l’idée initiale de Beau, un de ses premiers courts-métrages), vient bien couronner le début de carrière d’un artiste qui, à la différence de son protagoniste, semble définitivement n’avoir peur de rien. Oui, rarement un réalisateur et un studio (A24, dont c’est le projet le plus cher, estimé à 35 millions de dollars hors marketing) n’auront ensemble parus si kamikazes tant l’objet fait aujourd’hui figure d’aberration. Il n’est cette fois plus question pour Aster de contourner ou de remodeler les codes mais bien de les pulvériser et d’observer s’il en ressort quand même du cinéma. Pendant 2h59, il nous fait visiter le cerveau étrange de Beau à la manière d’un guide au milieu d’une cathédrale. Chaque pierre a quelque chose à dire du grand édifice, les péripéties se succèdent comme autant de vitraux, le réel et le figuratif s’entremêlent, parfois se contredisent. Tout ici suscite la sidération : la narration à tiroirs d’une richesse vertigineuse, la mise en scène, réjouissante dans son alternance entre proximité documentaire et surréalisme expérimental, ou encore l’interprétation grâcieuse, démente et touchante de Joaquin Phoenix, dont Beau sera l’un des plus grands rôles. Ce dernier, enfant cinquantenaire piégé dans le labyrinthe de sa propre psyché paranoïaque, donne à l’entièreté du récit ce caractère non fiable et éminemment fantasmagorique qui fait de Beau Is Afraid le Mulholland Drive de notre temps. Le film d’Aster se pose en effet en miroir drolatique du chef-d’œuvre de David Lynch à la fois sur le plan artistique (l’implosion des formes esthétiques et narratives, la pluralité et l’éclectisme des clés d’analyse) et temporel (il est toujours question, au fond, de l’Amérique et d’une époque de cinéma). De son pré-générique obstétrical à sa dernière demi-heure, métaphysique et proprement fascinante, l’odyssée mentale de Beau vers le foyer maternel est vouée à marquer cette année 2023. Plus que son meilleur film, Ari Aster signe ici en virtuose ce qui restera pour sûr la pierre angulaire de son œuvre, laquelle semble s’être donnée pour sacerdoce de montrer à chaque nouvel opus qu’il existe encore d’innombrables manières de filmer quelqu’un qui a peur.
Jérémie ORO