Adaptation haute qualité de Stephen King sur Netflix
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FILMS EN VOD
LE TÉLÉPHONE DE M. HARRIGAN ***
(Mr. Harrigan’s Phone) USA. 2022. Réal.: John Lee Hancock. (Netflix)
Grandissant seul avec son père dans un petit village tranquille, Craig est un jour engagé par le misanthrope John Harrigan, vieux milliardaire vivant en reclus, pour lui faire la lecture trois fois par semaine. Les années passant, l’enfant et le paisible monsieur tissent un véritable lien d’amitié, Harrigan n’hésitant pas à donner quelques conseils avisés au jeune garçon, notamment sur la façon d’écarter ceux qui lui veulent du mal. Comme Kenny Yankovich, grosse brute à problèmes qui l’a pris en grippe dès son arrivée au lycée. De son côté, Craig fait découvrir au patriarche tous les avantages qu’un smartphone – grande nouveauté technologique de début de siècle – peut lui apporter. Lorsque Harrigan décède un jour, Craig glisse le téléphone dans sa poche, sans réfléchir. Mais un lien semble les unir par delà la mort, à travers l’appareil, le "fantôme" du défunt paraissant exécuter ceux qui se dressent sur le chemin de Craig…
Adaptation très fidèle de la nouvelle éponyme parue dans le recueil "Si ça saigne", ce film de John Lee Hancock se rapproche plus d’un drame fantastique que d’un véritable film d’horreur. L’auteur questionne surtout notre attachement aux objets et à la technologie, constatant les dérives au-delà des promesses : aliénation, perte des repères et disparition de la culture telle que nous la connaissions jusqu’alors. Il aborde aussi le thème de la vengeance, et du prix moral qu’il y a à payer in fine. Loin du Grand-Guignol réjouissant de "Christine", il dresse le portrait d’un jeune homme attaché à bien faire et qui prend conscience de l’importance des choix que l’on est amené à effectuer durant le long chemin de son existence. John Lee Hancock, solide scénariste (Minuit dans le jardin du bien et du mal, Un monde meilleur, Blanche-Neige et le Chasseur) et réalisateur reconnu (The Blind Side, Dans l’ombre de Mary – La Promesse de Walt Disney, The Highwaymen) se montre à la hauteur pour transposer la voix du King à l’écran, s’appuyant ici sur le très bon Jaeden Martell (Ça), bien épaulé par le vétéran Donald Sutherland comme toujours impérial. Les amateurs de frissons en seront pour leurs frais, mais les fans de Stephen King (re)découvriront un beau texte tout en sensibilité et émotion, servi par un film techniquement maîtrisé et sans temps mort.
DEADSTREAM ***
USA. 2022. Réal. et scén.: Joseph et Vanessa Winter. (Shadowz)
Shawn Ruddy est devenu célèbre sur Internet grâce à des vidéos où il se mettait en danger – ligoté dans un bateau jeté au milieu d’un torrent pour revivre le périple de Moïse, enfermé dans le coffre d’une voiture fonçant dans le désert pour se mettre dans la peau d’un clandestin mexicain, ou poursuivi par des policiers qu’il a copieusement insultés… – mais son heure de gloire semble être derrière lui. Après qu’une ultime cascade a déclenché une importante polémique, il se retrouve banni de YouTube et de la chaîne de live streaming où il exerçait. Cependant, il pourrait retrouver son public après s’être excusé publiquement à travers une vidéo, et se lance dans un nouveau projet : passer une nuit dans une maison hantée où des phénomènes paranormaux ont eu lieu. Avec son principe minimaliste, Deadstream s’avère être un très bon found footage, mélangeant avec brio l’humour grâce à son personnage central loufoque et terrifié par ce qu’il s’impose lui-même, et la générosité des trucages. Ici, pas de brève apparition éthérée laissant planer le doute sur l’éventuelle présence d’un fantôme, mais une vraie plongée dans l’horreur grand-guignolesque à la Evil Dead grâce à des maquillages extrêmes. Avec leur équipe ultra réduite, Joseph et Vanessa Winter donnent corps à un film d’horreur ne se prenant jamais au sérieux, mais respectant à la lettre les contraintes de cet exercice de genre, et gagnent haut la main leur place au panthéon des réalisateurs d’un genre souvent décrié à raison. On rit autant que l’on frissonne, et le scénario parvient à justifier la présence d’une musique d’ambiance et l’omniprésence des caméras, et même l’enfermement suicidaire du personnage trouve des raisons logiques. Les deux réalisateurs ont poursuivi dans cette veine avec un chapitre de l’anthologie V/H/S/99, cinquième opus de la franchise, diffusé aux USA fin octobre sur Shudder.
TINY CINEMA **
USA. 2022. Réal.: Tyler Cornack. (Shadowz)
On connait Tyler Cornack pour son film des plus choquant Butt Boy, au titre explicite. Mais il est également à l’origine d’une série, "Tiny Cinema", forte de plus de 80 épisodes représentant autant d’histoires courtes, qui ont ici été retournées pour créer une anthologie. On retrouve son goût pour les déviances, qu’il s’agisse de jalousie maladive ("Game Night"), nécrophilie (le chapitre "Edna"), d’attirance pour la violence ("Bust") ou de tromperie sur la marchandise ("Deep Impact", "Daddy’s Home"). Il se dégage de tout cela l’impression de vouloir choquer à tout prix, mais au détriment de véritables retournements de situation ou surprise, comme si une situation dérangeante pouvait se justifier à elle seule. On reconnaitra malgré tout au réalisateur un véritable savoir-faire, les épisodes variant le style de mise en scène et de photographie, donnant presque l’impression d’un simple collage de vignettes venues d’horizons divers, comme c’est souvent le cas dans ce genre de programme. Il est malgré tout dommage que l’on ne trouve pas de réel fil directeur à ces six histoires et que l’ensemble souffre de la gratuité de la plupart des vignettes.
Yann LEBECQUE
HOCUS POCUS 2
Divertissement sans charme**
U.S.A. 2022. Réal.: Anne Fletcher (Disney+)
Un deuxième avis, moins favorable que le précédent !
Réalisé en 1993 par Kenny Ortega (entre autres chorégraphe du Thriller de Michael Jackson), Hocus Pocus se classe parmi les longs-métrages fantastiques des studios Disney à avoir conquis le coeur des spectateurs avec les années, à défaut d'avoir été de francs succès en salles au moment de leur sortie – catégorie où compte également L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Presque trente ans plus tard, c'est à Anne Fletcher qu'il revient d'offrir une suite à cette comédie horrifique emblématique de la fête d'Halloween, contant la résurrection dans une Salem moderne des sœurs Sanderson, trois sorcières aussi viles que drôles, menées tambour battant par la brillante chanteuse Bette Midler. Cette fois ramené à la vie par un duo d'apprenties magiciennes, le terrifiant trio navigue de scénette en scénette, mi comiques, mi musicales, dans un divertissement certes amusant, mais loin d'être aussi surprenant que son aîné et encore moins effrayant. Si la direction artistique ne manque pas de charme – la Salem historique de 1693 occupant toute la séquence d'introduction, ou le décor de forêt entièrement conçu en studio –, on regrette que la dimension subversive (pour autant qu'elle puisse l'être dans un film familial) soit largement diminuée, les sorcières ne nourrissant plus désormais le projet de dévorer les enfants mais de lancer un sort sur la ville à seule fin de se venger de la descendance d'un pasteur puritain. Un message peut-être plus acceptable pour les jeunes générations, porté par une distribution heureusement plus variée, mais qui ôte à l'intention initiale une grande partie de son audace. Par chance, au milieu d'une mise en scène un peu trop sage et d'une bande sonore très discrète, les trois sorcières sont toujours extrêmement attachantes et s'en donnent à coeur joie, éructant, improvisant et portant sur leurs solides épaules la lourde responsabilité de faire tenir debout un petit film fantastique familial où l'enchantement est relégué au second plan.
Arnold PETIT
FILMS SORTIS AUX USA EN VOD/BLU-RAY
THE MUNSTERS
Gentils monstres***
U.S.A. 2022. Réal.: Rob Zombie.
Dans une Transylvanie gothique et colorée, une jeune vampire répondant au nom de Lily fait la rencontre d'Hermann Munster, une créature fabriquée de toute pièce dont elle tombe éperdument amoureuse – au grand dam de son père, qui voit en Hermann un être balourd, bruyant et sans avenir. Alors que le couple convole en justes noces, le frère de Lily, le loup-garou Lester, contracte une lourde dette auprès d'une famille de gitans sans scrupules…
Inspirée d'une célèbre sitcom fantastique des années 60 créée par Joe Connelly et Bob Mosher, The Munsters marque un virage à 180 degrés dans la carrière de Rob Zombie, véritable iconoclaste de l'horreur white trash ayant lourdement (et non sans un certain brio) imposé sa marque de fabrique toute personnelle sur le genre avec The Devil's Rejects et sa version ultra violente de Halloween. En effet, cette comédie familiale, empreinte d'une influence cartoon assumée (n'étant pas sans rappeler La Famille Addams), renvoie davantage au film animé du réalisateur et musicien, The Haunted World of El Superbeasto – en bien moins vulgaire, s'entend. Préquelle et hommage appuyé à la série d'origine dont Zombie est un admirateur invétéré, ce film tout public est une mosaïque macabre et déjantée, un train-fantôme de fête foraine marqué par l'esprit du cinéma fantastique classique, ici gentiment détourné par l'insolence propre au réalisateur. Ainsi, Hermann Munster est le monstre de Frankenstein en personne, le comte Orlok de Nosferatu traite ses rats pestiférés comme d'adorables petits animaux de compagnie et le loup-garou est empêtré dans un malentendu mafieux. Si l'humour ne vole jamais très haut, les décors et la direction artistiques respirent l'authenticité malgré un budget que l'on devine extrêmement restreint. Si le sur-jeu est de rigueur au sein de la distribution, il perd à plusieurs reprises le spectateur non-averti n'ayant pas ou peu connaissance de l'univers de la sitcom, celle-ci reposant avant tout sur un humour volontairement absurde et des petites morales de voisinage dont le film de Zombie est malheureusement dépourvu. Le sel de The Munsters reposant avant tout sur des quiproquos en pagaille impliquant la famille de monstres face à la tranquillité de la paisible banlieue américaine et sa cohorte de préjugés, le choix de la préquelle, où seuls les monstres ont droit de cité, n'offre malheureusement que peu d'occasions d'être vraiment piquant dans son propos. Un fait d'autant plus regrettable que Rob Zombie maîtrise parfaitement l'art de passer la société au vitriol grâce à ses portraits de familles originales et à la marge (les fameux Firefly de La maison des 1000 morts, le clan Myers de ses Halloween.) Les Munsters demeurent néanmoins très attachants, solidement interprétés qu'ils sont par un trio de comédiens impliqués et somptueusement maquillés par Wayne Toth au sein d'un scénario malheureusement dépourvu de substance. Cette innocente bien qu'inaboutie petite comédie macabre se regarde sans trop de déplaisir, mais demeurera anecdotique au sein de la filmographie si particulière de son auteur.
Arnold PETIT